Les plaisirs

Le bonheur - Les besoins - Les plaisirs - Le fonctionnement du cerveau - Être soi-même pour être heureux - La conscience de soi - Le bonheur c'est pour quand ?

Prenons un instant pour parler des plaisirs

Selon le dictionnaire, le plaisir est un état de contentement qui est le résultat d’une satisfaction d’un désir. Exemple, cette musique est un plaisir à écouter… parce que j’aime ce chanteur (ou musicien) et que j’ai envie d’écouter cette musique. Je me suis fait plaisir en écoutant cette musique ou ce style musical.

Le plaisir s’emploie également dans les formules de politesses pour souligner quelque chose d’agréable. C’est un plaisir de partager avec vous.

Enfin, on parle de plaisir dans un acte, en exemple donner du plaisir à son partenaire à travers la sexualité. Le mener à l’orgasme.

Si l’on se réfère à la philosophie, le plaisir est un moment considéré comme atteint lorsque l’émotion est agréable, qu’elle est née spontanément d’une situation spécifique. Le plaisir s’exprimant à travers l’expérience physique, psychique ou intellectuelle.

C’est-à-dire que l’on se sent bien lorsque quelque s’accomplis et que ce « quelque chose » était voulu et désiré.

Le moment de plaisir délivre à l’individu de la sérotonine, qui est l’hormone de la bonne humeur ; mais également de la dopamine, qui est l’hormone du plaisir… tout comme de l’endorphine et de l’ocytocine.

Le plaisir n’est pas une valeur (voir le chapitre qui y est consacré) à proprement parler. On ne peut vivre en fonction de ses plaisirs. On vise à atteindre le plaisir à travers nos actions qui sont en rapport direct avec les dites valeurs. Ainsi, le plaisir s’atteint en agissant conformément à nos valeurs autant qu’en se faisant plaisir, c’est-à-dire en comblant des besoins qui nous font du bien. En exemple, j’ai faim, j’ai le besoins de manger. Je pourrais manger n’importe quoi pour combler ce besoins, mais je me ferai plaisir en mangeant, par exemple, un yaourt aux fruits plutôt qu’un morceau de cake.

Dès lors, nous pouvons dire que le plaisir est un moment éphémère. Il peut se répéter sous diverses formes en agissant pour se faire plaisir ou par plaisir d’agir. Mais le plaisir, même successif n’est pas le bonheur. En effet, le plaisir est généralement lié à quelque chose qui s’achète. Il est le plus souvent quelque chose de solitaire. À l’extrême, il devient une addiction et s’atteint sans réel effort.

Le bonheur est quelque chose d’immatériel, une conscience de soi… cela ne s’achète pas, ne se vends pas… et se trouve en soi à travers sa manière de voir le monde, d’interagir avec celui-ci. Le bonheur est un état que nous pouvons choisir de faire perdurer.

Dès lors, le bonheur est quelque chose qui se vit en communauté, il est difficile d’atteindre l’état de bonheur sans être confronté au regard des autres, qui est nécessaire à l’estime de soi. Sachez également que nous ne pouvons pas être dépendants du bonheur. Il s’acquiert par l’action et les sentiments ; là ou le plaisir a une valeur monétaire. Ainsi, le sucre peut donner du plaisir et être addictif. Faire des compliments fait plaisir et n’a pas d’addiction. Le sucre fera son effet quelques minutes et il faudra en consommer de plus en plus pour atteindre le seuil de plaisir ; les compliments vous mettent de bonne humeur et entretiennent l’état de bien être, un seul compliment suffit  donner le sourire et dégager l’état de bien-être.

Enfin, le bonheur requiert toute notre attention, là ou le plaisir est passager et peut s’obtenir même en étant distrait… et disparaître aussi vite. Le bonheur reste tant que nous sommes attentifs à ce que nous faisons.

Sigmund Freud a défini le plaisir comme l’état de détente faisant suite à la décharge d’une tension. Cette définition très « mécanique » du plaisir est surtout valable pour le plaisir sexuel que Freud a érigé en  plaisir suprême. Le fait est que le plaisir sexuel est intimement lié à l’intensité du désir qui se trouve assouvi. Plus le désir sexuel est insoutenable, plus la jouissance sexuelle est intense. Mais plus la jouissance sexuelle est intense, plus la frustration qui s’en suit est jugée douloureuse par Freud, d’où son pessimisme fondamental. Freud ne serait d’ailleurs pas étonné de constater que notre société permissive sur le plan sexuel soit caractérisée par la lassitude sexuelle, l’érotisme ayant besoin de l’obstacle de l’interdit pour s’épanouir pleinement…Valable pour le sexe en tant que tel, la définition de Freud ne s’applique pas bien à la plupart des autres plaisirs qu’ils soient physiques ou intellectuel. Outre le sexe, il n’y a en fait que le plaisir du sport  qui entre dans les grilles de la définition freudienne. Le plaisir de la table ou celui du repos n’est en aucun cas pris en compte par une telle définition.

Chez Platon, le plaisir est défini comme la réponse à un manque. Le désir étant manque, sa réalisation se caractérise par un « remplissage » qu’on appelle plaisir. Mais comme le montre Socrate à travers l’exemple concret d’une chaîne qui le démange, le plaisir est intimement lié à son contraire la douleur. Le plaisir de se gratter la jambe se transforme rapidement en son contraire la douleur. Le plaisir n’est donc pas un bien très fiable auquel il faut préférer la paix de l’âme du sage. Epicure précisément va définir le plaisir comme l’absence de trouble, l’ataraxie, refusant ainsi l’idée positive du plaisir. L’épicurisme bien compris est donc tout sauf un hédonisme. Epicure se contentait d’ailleurs d’un morceau de pain rassis et d’un bol de lait caillé comme repas… Il estimait aussi que le plaisir sexuel bien que naturel, n’était pas nécessaire au bonheur humain…Du point de vue d’Epicure, le plaisir serait avant tout la capacité à vivre dans l’instant présent en cueillant le jour ici et maintenant (carpe diem, hic et nunc). Cette morale du plaisir se retrouve aussi dans la pensée zen à travers l’idée de la concentration sur le ressenti immédiat sans le passage par la médiation du mental.

La question qu’est-ce que le désir conduit nécessairement à une aporie, car il ne saurait avoir de définition objective à quelque chose d’aussi subjectif que le plaisir. Le personnage sadien trouve son plaisir dans la douleur qu’il inflige à autrui. Le personnage de Sacher-Masoch trouve son plaisir dans l’humiliation que lui inflige la belle femme désirée. Freud a un peu rapidement évoqué la pathologie du « sado- masochisme » en associant les deux auteurs maudits. Or, d’après Deleuze, la logique sadienne n’a rien de commun avec la logique « masochiste », le plaisir de souffrir n’étant pas la face inverse du plaisir de faire souffrir. Sacher-Masoch est à mon sens l’auteur qui a le mieux pensé la question du plaisir dans sa relation à l’amour et à la beauté. Il a su pénétrer l’essence du plaisir dans les arcanes les plus intimes de la subjectivité humaine…  


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