Le bonheur

Le bonheur - Les besoins - Les plaisirs - Le fonctionnement du cerveau - Être soi-même pour être heureux - La conscience de soi - Le bonheur c'est pour quand ?

Le bonheur... en voilà une quête que tout le monde essaye d'atteindre et qui a occupé les philosophes depuis la nuit des temps. Je vous propose de commencer la réflexion par ceux-ci... je vous propose mes propres réflexions et vous invite à pousser la réflexion sur ces phrases philosophiques. Je vous les présentes en étant persuadé que la réponse ne se trouve pas dans l'une d'entre elle mais bien dans l'ensemble de ces réflexions des philosophes, si tant est que l'on se donne la peine d'y réfléchir un instant. 


J’ai choisis quelques philosophes pour leurs pensées ou écrits que j’estime pertinents… j’ai volontairement retiré de ces choix les pensées religieuses qui, à mon sens, n’ont rien à faire dans cet ouvrage. J’estime que les croyances religieuses sont propres à chacun et se respectent. Les inclure ici serait comme vous imposer ces religions et me ferait sortir du cadre bienveillant de ce livre. De même, les philosophes se comptent par centaines à travers les âges, les plus anciens remontant à 660 avant notre ère… j’ai donc choisi un panel représentatif soit à cause de leur notoriété ou parce qu’ils ont travaillé les écrits d’autres philosophes ou été à l’origine de mouvement de pensées ayant réellement influé sur leur époque ou jusqu’à ce jour.

Le bonheur selon les philosophes

Epicure (-342 – 270)
Il nous dit que le bonheur ne réside ni dans le confort matériel ni dans la simple satisfaction des plaisirs. Le bonheur advient lorsque l'homme a atteint la tranquillité de l'âme, lorsqu'il ne subit ni trouble ni douleurs mentale. Ainsi, il faut commencer par distinguer les désirs nécessaires des désirs vains. Selon lui, le désir naturel nécessaire est la tranquillité de l'âme ; s'en suit les désirs visant à la tranquillité du corps (se loger, se vêtir) ; suivis par les désirs naturels nécessaires (manger, boire et dormir) puis interviennent les désirs naturels non nécessaires (à peu près tous les autres plaisirs de la vie). Après cela interviennent les désirs vains et artificiels tel que la richesse et la gloire puis les désirs impossibles tels que l'immortalité. 

Et en effet, tant que vous visez à combler les désirs naturels, vous atteindrez un degré de bonheur non négligeable ; lorsque vous viserez les bonheurs vains et passagers vous ne serez jamais heureux. Combler les désirs naturels non nécessaires (s’amuser, la sexualité, etc....) apporte un certain degré au bonheur mais ces besoins diffèrent d'un individu à l'autre. Ce qui nous permet de dire que le bonheur est en réalité à portée de la main de tous, le seul obstacle au bonheur étant notre propre ambition, nos craintes et nos désirs irréalisable. Pour le reste, il nous appartient d'agir pour transformer ces désirs en réalité en étant conscient que nous pourrions échouer et que cela n'enlèvera rien aux bonheurs déjà acquis (à savoir la tranquillité de l'âme en vivant en accord avec ses valeurs et les désirs naturels nécessaires).

Les Stoïciens (3e siècle avant Jésus Christ)
Les Stoïciens sont les élèves de Zénon, disent quant à eux que le bonheur suit la vertu, accomplir son devoir amène au bonheur. Par devoir est entendu d'être au service de sa communauté. Mais il faut également apprendre à ne vouloir maîtriser que ce qui dépend de nous car à vouloir interférer dans ce qui dépend d'autrui mène au malheur. 

C'est à dire que si vous cherchez le bonheur en influençant les autres ou en vous tracassant des décisions des autres et comment celles-ci vont influer sur votre vie, vous ne serez jamais heureux. En effet, ce qui dépend de nous est bel et bien uniquement la manière dont nous vivons les évènements et comment nous réagissons face à ceux-ci. Ainsi, notre bonheur ne dépend d'aucunes conditions extérieure mais bien à notre manière de penser et d'agir.

Héraclite (-544 -480)
Il disait sobrement que si le bonheur était dans les délectations du corps, nous pourrions dire que les bœufs sont heureux lorsqu'ils trouvent du bon fourrage à manger.

Sur le principe, ce pré-Socrate a raison... et tort à mon sens. En effet, si le « bœuf » représente l'individu et que « manger du foin » reviens à « combler un besoins » combler un besoins rend heureux ; ceci dit, combler un besoins revient à en créer un autre. Savoir se satisfaire de combler un besoins rend heureux sur le moment ; en effet, la satisfaction d'avoir mangé rend heureux un instant mais le besoins suivant va générer la perte du bonheur en tentant de combler le besoins suivant.

Socrate (-470 -399)
Si on se réfère à Socrate, est heureux celui qui ne commet pas l'injustice. Ce qui sous-entend d'être juste... or, être juste dépend de notre système de valeur et des lois en application dans le pays de résidence. Or ces lois fluctuent d'un pays à l'autre, tout comme d'une époque à l'autre. 

Être juste serait alors d'agir de manière cohérente pour que ce que l'on fait soit à la fois dans le respect de nos valeurs et dans le respect des lois en cours. Être juste c'est également être équitable et reconnaître une valeur à chaque personne, chaque action et chaque bien.

En effet, Socrate est dans le vrai, nous l'avons vu, il faut agir en fonction de son système de valeur pour se sentir bien ; le respect des règles et la justesse de nos actes en font partie.

Platon (-427 -347)
Selon Platon, l'élève de Socrate, le bonheur se trouve dans la vie meilleure ; sous-entendu que c'est dans la possession de biens que nait le bonheur. Par biens se trouve ceux relatifs au corps, les biens que l'on peut afficher et ceux relatifs à l'âme (à la religion). 

Je suis relativement d'accord avec cette affirmation. Si nous ne possédons rien nous ne pouvons être totalement heureux... réfléchissons un instant, il nous faut au moins un toit sur la tête, de quoi manger, boire ou encore prendre soins de soi... mais aussi pour concrétiser ses passions. Même pour la plus simple il faut un minimum de matériel pour en garder une trace ; ce sont des biens, des biens durables pour certains ou des biens de consommation. L'objectif de la vie meilleure serait donc de posséder de quoi combler ses besoins au moins primaires... 

La vie meilleure serait dès lors de pouvoir combler chacun de ses besoins jusqu'à l'accomplissement de soi. Et qu'est-ce que l'accomplissement de soi si ce n'est de concrétiser ses passions en acte tangibles que vous pourrez présenter à d'autres comme votre réalisation ? Dans ce sens, j'agrée, le bonheur est dans la recherche de la vie meilleure, ce qui passe par prendre soin de soi en mangeant à sa faim, en buvant suffisamment, en dormant sereinement ; en prenant soins de son corps physiquement autant que de son aspect visuel extérieur, en ayant un emplois qui correspond à vos capacités réelles, en étant en bonne santé ou en prenant le temps de se soigner le cas échéant, en vivant dans un lieu propre et agréable ; puis en trouvant (ou au moins en cherchant) l'amour, ce qui passe par se faire des amis et ressentir ce sentiment d'appartenance à un groupe créant ainsi l'intimité puis l'appartenance réciproque à une personne créant ainsi l'intimité à deux. C'est tout cela qui génère la confiance en soi et le respect de nos valeurs qui crée la confiance que les autres nous portent autant que le respect, générant ensemble l'estime de soi. 

Par contre, si vous comprenez la théorie de Platon comme la possession à outrance, je pense que vous faites fausse route. Avoir pour « avoir » est une manière de combler un vide de vie par les biens matériels. Le matériel ne vous apportera pas le sentiment de bien-être mais juste le confort de vie. Il vous appartient de fixer à quel stade ce confort vous convient et d'agir pour l'obtenir. Il faut donc des possessions pour pouvoir être heureux mais il s'agit là d'une étape vers le bonheur. 

Aristote (-384 -322)
Selon Aristote, l'élève de Platon, le bonheur est un bien qui n'est pas fourni par l'extérieur mais que l'on doit trouver en soi, dans sa propre activité. J'agrée totalement à ce propos, nous sommes responsable de notre propre bonheur, il nous appartient de faire des choses qui nous épanouissent, d'agir sur notre vie pour se sentir utile. Le bonheur ne peut pas être le résultat d'une tierce personne influant sur notre vie ; en effet, le jour où cette personne partira (pour une raison ou une autre) vous y perdrez votre bonheur. Mais attention, la notion de bonheur diverge selon les époques, les individus et leur âge... en effet, selon l’appréhension de ces paramètres, certains confondent bonheur et plaisir. Le plaisir est un instant passager ou dans la satisfaction des sens. Le bonheur à 20 ans n'est pas le même que le bonheur à 60. En réalité, Aristote nous dit que le bonheur passe par les plaisirs et les biens mais que ceux-ci ne sont pas le but ultime. D'autres, à un âge plus avancé, disent que le bonheur est dans la gloire et l'accomplissement social ; oui et non comme le dit Aristote car la gloire et l'accomplissement social sont éphémère, on ne reste jamais au sommet, quelqu'un fera toujours mieux que nous à un moment ou à un autre ; il s'agit là d'une vanité que de se considérer comme « heureux » parce qu'on est « le maître du monde » ceci dit, le sentiment d'accomplissement social fait partie du bonheur. 

Dès lors, si l'on se réfère à Aristote, le bonheur se trouve quelque part entre nos relations avec les autres, la manière dont les autres nous perçoivent et nous reconnaissent une valeur ; les biens que nous possédons pour avoir une vie décente ; la satisfaction passagère de nos sens de manière régulière ; dès lors, le bonheur est en nous et fluctue en fonction de ces différents besoins. Il nous appartient d'agir pour combler ces besoins et garder un équilibre de satisfaction.

Kant (1724 – 1804)
Kant nous enseigne qu'il vaut mieux écouter la raison plutôt que nos envies, donc agir en faisant ce qui est juste et non ce qui nous profite. Selon lui, c'est en agissant de la sorte, en étant une personne morale, que l'on mérite d'être heureux. Ceci dit, une personne immorale sera peut-être plus heureuse sur une durée précise qu'une personne morale mais ce bonheur ne sera que passager. Être digne du bonheur est le cheminement vers le bonheur.

Bentham (1748 – 1832)
Bentham pense que le but de la vie est de vivre les plaisirs qui se présentent ; ainsi chaque action que nous allons réaliser doit être évaluée selon la quantité de plaisirs qu'elle va nous apporter. Et si cette action procure du plaisir à notre communauté, c'est là une raison de plus de la concrétiser. Ainsi, le bonheur individuel dépend en partie de ce que les autres font pour apporter du bonheur autour d'eux même.

Mill (1806 – 1873)
Mill affirme que certains plaisirs de la vie sont de meilleure qualité que d'autres ; et qu'au plus un instant de plaisir est difficile à atteindre, au plus nous allons le savourer. Le problème étant que lorsque nous avons goûté à un plaisir difficile à atteindre, nous aurons du mal à nous contenter des petits plaisirs même en grande quantité. Dès lors la quête du bonheur passe par l'accomplissement des plaisirs difficile à atteindre. Ce qu'il faut comprendre ici c'est que l'accomplissement et le dépassement de soi apportent bien plus de bonheur que les plaisirs simples d'accès et que ce sentiment de dépassement de ses capacités est bien plus gâtifiant que de prendre les instants de plaisirs trop facilement atteint.

Bergson (1859 – 1941)
Bergson pense que la bonheur se trouve dans la création ; qu'elle soit artistique, d'entreprendre, d'appliquer nos connaissances. Dès qu'il y a création il y a la joie et donc le sentiment de bonheur. Ne croyez pas que la création est liée aux artistes quel qu'en soit le sens. Nous pouvons tous créer. En réalité, nous nous créons nous même par l'agrandissement de notre personnalité. La joie de se créer soi-même, d'être responsable de ce que nous sommes, d'être libre, de donner le sens que nous souhaitons à notre vie.

Spaemann (1927 – 2018)
Spaemann nous dit qu'il ne faut pas confondre les plaisirs et le bonheur ; certes combler les plaisirs en les rendant réel procure un bonheur passager mais ce que l'homme désire c'est la joie. La joie est liée à une activité ayant du sens. C'est à dire en étant altruiste.

Si on résume tout cela en quelques lignes le bonheur intervient lorsque :

- nous avons l'esprit tranquille et comblé les besoins primaires (boire, manger, dormir) et atteindre des objectifs de besoins secondaire (travailler, avoir des relations humaines) qui nous correspondent ;

- lorsque l'on s'est fait plaisir ou lorsque l'on agit pour faire plaisir aux autres ;

- lorsque l'on donne une valeur morale aux personnes qui nous entourent ;

- lorsque nous agissons pour améliorer notre cadre de vie ;

- en évitant de s'inquiéter des choses qui ne dépendent pas de nous

- en rendant service

- lorsque nous nous dépassons pour atteindre un objectif

- en se créant soi-même, en étant responsable de soi, de son savoir et de ce que nous faisons de ce savoir

Gardez ce résumé dans un coin de votre tête, nous y reviendrons un peu plus loin.


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